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Anne-Marie Riedinger

 
Anne-Marie mélange de teintes de silicones dans son laboratoire à Niederhausbergen dans les années 1990

Anne-Marie mélange de teintes de silicones dans son laboratoire à Niederhausbergen dans les années 1990

 

Tout au long de son parcours, Anne-Marie Riedinger a ainsi pu transmettre ses compétences à travers l’enseignement mais également via des conférences données et la publication de ses travaux.


Mon parcours en tant qu’épithésiste

Je suis née à Strasbourg en Alsace. Après avoir obtenu mon baccalauréat scientifique, j’ai suivi des études supérieures à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg (actuelle Haute Ecole des Arts du Rhin).

En 3è année, j’ai intégré le département de communication, en illustration médicale, sous la direction de Pierre Kuentz avec des cours communs en illustration sous Claude Lapointe. Après avoir validé les unités d’anatomie avec les étudiants de Médecine, j’ai pu aller au bloc en 4è et 5è année et faire des croquis d’interventions chirurgicales. Ces croquis servaient alors de bases aux dessins de techniques chirurgicales (composition et clarification du message par l’image, justesse du contenu scientifique, validation des dessins par le chirurgien). Cette formation m’a permis d’affiner mon sens de la communication, d’aiguiser mon regard critique, de travailler la composition, les techniques de dessin, de la couleur et les bases de la sculpture. 

Aux “Arts Déco”, je m’intéressais aussi au travail des autres illustrateurs et amis présents. J’admirais l’univers poétique d’Eve Tharlet qui captivait son auditoire et je m’attardais à la table de John Howe qui illustrait déjà le Seigneur des Anneaux et racontait des récits passionnants sur sa vie dans la sauvage Colombie Britannique.

Mon mémoire de recherche pour le diplôme, je l’ai fait à l’INSERM avec le Dr. Kathy Haffen sur les villosités intestinales qui s’est finalisé par des dessins, un petit film d’animation et m’ont permis d’obtenir le diplôme avec mention bien, prix de la Ville.

J’ai voulu continuer ma formation et découvrir ce qui se faisait dans le domaine de l’illustration médicale à travers le monde. J’ai ainsi obtenu une bourse d’études de la fondation franco-américaine qui m’a permis d’étudier à Chicago, USA dans le prestigieux département de Bio Communication Arts qui formait les futurs medical artists. Les étudiants étaient très motivés et j’ai toujours des amis de cette époque.

Je me suis très vite passionnée par le cursus d’anaplastologie, les fameuses épithèses et j’ai été formée sous la direction de Susan Habakuk. J’ai continué à suivre des interventions chirurgicales en vue d’en illustrer les techniques, des cours de photo, de dissection, d’art graphique sous Al Teoli que j’admirais beaucoup, des cours de psychologie, et beaucoup de travaux pratiques. Un grand nombre d’intervenants externes y ont aussi donné des présentations.

A mon retour, j’ai fait un stage de 6 mois avec Gillian Duncan qui venait de s’installer en Allemagne à Homburg/Saar. C’est une artiste médicale américaine de renommée internationale qui a développé les épithèses faciales en silicones en Allemagne. Auparavant, elles étaient comme en France encore réalisées en résine. Gillian avait un regard aiguisé et des dons naturels pour rendre l’apparence aux patients. C’est elle qui m’a transmis sa passion et j’applique toujours ses techniques.

De retour en France, j’ai très vite rencontré mes confrères européens qui deviendront des amis proches, notamment le Dr Kerstin Bergström qui collabora avec l’éminent Prof P-I Branemark et le Prof. Anders Tjellström. Ensemble ils ont traité des patients dans de nombreux pays à travers le monde et Kerstin a formé un grand nombre d’anaplastologistes. Cette rencontre a entraîné dès 1986 une collaboration avec le Dr Hamann à Paris pour réaliser les premières épithèses auriculaires à ancrages osseux (sur implants) en France pour l’hôpital Necker Enfants-Malades.

Pendant cette même période, nous avions organisé une première rencontre d’illustrateurs médicaux européens à Strasbourg dès 1984 et dans la foulée, nous avons fondé l’Association Européenne des Illustrateurs Médicaux et Scientifiques (AEIMS) qui s’est bien développée par la suite et dont je suis toujours membre. C’est ainsi que nous avons rencontré Giliola Gamberini qui dirigeait l’École d’illustration médicale de Bologne en Italie.

J’ai participé régulièrement aux congrès de l’IASPE et de l’IMPT, et présenté très souvent. Mais je participais surtout à presque tous les congrès de l’American Anaplastology Association (AAA) où j’ai donné des présentations, workshops et formations avancées. L’AAA a évolué en International Anaplastology Association (IAA), et j’ai eu l’honneur d’être élue à sa présidence ce qui a fait de moi la première présidente européenne de l’IAA (2009-2011).

Actuellement je suis également membre du bureau du Board for Certification in Clinical Anaplastology (BCCA) et la présidente du Syndicat des Épithésistes Français.

Depuis le confinement, nous avons organisé des réunions zoom avec nos confrères et amis européens ( Kerstin Bergström en Suède, Jan De Cubber en Belgique, Yvonne Motzkus en Allemagne, Peter Evans au Royaume-Uni ), nos confrères d’Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’au Japon. Nous avons ainsi pu voir l’évolution du Covid et les restrictions dans les différentes pays et nous entraider quand c’était nécessaire.