Épithèse orbitaire élargie au côté droit, rétention mixte, cavaliers sur barre et aimants
« Lorsque j’ai eu mon cancer en 2013, j’avais 71 ans et je n’avais jamais eu de soucis de santé particulier, j’avais toujours été très active. On a dû m’opérer rapidement à l’Hôpital Minjoz à Besançon, et je me suis brutalement retrouvée face à un visage que je ne reconnaissais plus, avec tous les problèmes d’acceptation que cela entraîne.
C’était un véritable frein visuel, et je craignais le regard des autres. J’étais dans l’incertitude la plus totale, je n’arrivais plus à me projeter dans l’avenir. De quoi pouvais-je bien être capable après cela ? Je pense que c’est dans ces moments-là qu’il est très important d’être bien entouré, et j’ai eu de la chance dans ma malchance, puisque mon bon Dr Mauvais est venu me voir tous les jours pendant mes 2 mois d’hospitalisation.
Il y a aussi ces personnes qui sont là pour vous, les infirmiers, les autres médecins, et à qui vous pouvez poser des questions. Lorsque quelqu’un répond à vos interrogations, ça sécurise, ça redonne confiance en soi, ça développe le mental.
Lorsqu’on m’a adressée chez l’épithésiste, j’étais très incrédule quant à la possibilité d’avoir un nouveau visage. J’avais une grande peur du devenir, et je manquais d’informations. J’étais au fond du trou et j’avançais sans trop savoir où aller. En voyant l’épithésiste mettre tant d’application, de patience et de soin dans ma future épithèse, j’ai peu à peu eu le sentiment qu’elle était capable de m’aider, et j’avais confiance d’arriver à un résultat. C’est progressivement ma confiance en moi et en l’avenir qui est revenue. Lorsque je l’ai vue mélanger les couleurs de silicones, j’ai été assez intriguée de la voir y mettre du jaune, du vert et d’autres couleurs aussi, dignes d’un masque de carnaval.
Le cheminement de reconstruction se fait en parallèle du cheminement d’acceptation de cette reconstruction, et c’est ce qui m’a permis de renaître.
Depuis que j’ai mon épithèse, j’ai arrêté de faire uniquement des petits tours dans mon quartier, je vais à nouveau là où j’allais avant. En contrepartie, il y a des choses que je ne fais plus : je ne veux plus que l’on me prenne en photo, ou alors seulement de côté, parce que je ne me retrouve plus dans les clichés. Je ne peins plus et je ne peux plus conduire, c’est une partie de mon autonomie et de mon indépendance qui m’ont été enlevées suite à l’opération. Cependant, je vais très bien, j’ai une très grande confiance en moi, en mes proches, je sais que je suis bien entourée de beaucoup de tendresse, même après ce gros pépin de la vie. Si je pouvais donner un conseil aux autres personnes qui sont dans la même situation que moi, c’est de parler. Il faut dire les choses, poser des questions, mais ne jamais oublier qu’on a tous nos secrets, et qu’on n’est pas obligés de les révéler à tout le monde. »