Hommage à Maurice, par Anne-Marie Riedinger
Épithèse auriculaire
« Un des derniers jeunes mineurs à être embauchés dans les mines de charbon avant leur fermeture progressive, Maurice avait eu son oreille gauche arrachée lors d’un coup de grisou en 1986.
Il avait été mon tout premier patient pour une épithèse auriculaire, adressé par le Prof. Champy du CHU de Strasbourg après une tentative de reconstruction chirurgicale.
J’ai réalisé pour lui une épithèse collée en 1986 puis une épithèse sur barre en or et cavaliers dès que les implants ont été proposés en 1991 à Strasbourg. J’ai très vite sympathisé avec Maurice et Nadine, son épouse. Nous avions des enfants du même âge et nous échangions sur leur éducation au cours des rendez-vous annuels. Il était très fier de ses fils ! L’aîné avait fait des études d’ingénieur, et je me souviens que le cadet encore adolescent, voulait se faire des dreadlocks. Maurice était strictement contre, ça fait hippie, malpropre, me disait-il… Mais un an plus tard, son fils arborait néanmoins ses dreadlocks qu’il a gardées quelques temps. Une année s’est encore écoulée, et Maurice s’est montré soulagé : son fils s’était enfin coupé les cheveux, et il m’a avoué qu’il le trouvait fort beau garçon !
C’est malheureusement, peu de temps après qu’en 2009, Maurice nous a quittés accidentellement. Une belle complicité s’était construite depuis plus de 20 ans, et nous continuons de prendre des nouvelles de sa famille. Ainsi toutes ces relations uniques que nous partageons avec nos patients faites de confiance, d’écoute et de respect, nous permettent d’être les témoins privilégiés de leurs joies, de leurs peines aussi, et des leçons de vies extraordinaires qu’ils nous révèlent. »